Bärenwald Müritz - Allemagne

Cela fait maintenant plusieurs jours que je vis au rythme des ours bruns. Je profite du calme et de la fraîcheur de la soirée pour donner quelques nouvelles et te faire découvrir le Bärenwald Müritz. Si comme moi, tu ne parles pas un mot d’Allemand, voilà une petite leçon de rattrapage express : Bärenwald signifie sanctuaire pour ours, et Müritz est le nom de la région dans laquelle il se trouve. Félicitations ! Tu viens tout juste d'acquérir les bases nécessaires à la lecture de ce post...

C’est donc au nord est de l’Allemagne, dans le parc naturel de Müritz, que j’ai posé mes valises (enfin, plutôt mon sac à dos) jusqu’à la fin du mois d’août . Le sanctuaire se situe dans une zone boisée, à 15 km de toute ville. Bon du coup, pour faire la fête et sortir boire un verre après une journée de travail, on repassera, mais la quiétude de l’endroit offre un cadre idéal pour accueillir des ours bruns. Le centre a été créé en 2006 par l’association anglaise Four Paws, qui porte plusieurs projets de défense et de sauvegarde de la faune sauvage et domestique à travers le monde (https://www.four-paws.org/).

Je n’aurais pas pu rêver d’un meilleur logement, la terrasse de l‘appartement donne directement sur le parc et je finis souvent la journée en compagnie de mes nouveaux voisins.

A sa construction, le sanctuaire était plus que sommaire et ne pouvait accueillir que trois ours. Depuis, il s’est considérablement développé et peut désormais accueillir plus d’une trentaine d’animaux ! Actuellement, seize ours et deux chats (qui ont élu domicile dans le parc et donnent un coup de main dans la lutte contre les petits rongeurs) y sont hébergés.

Un second départ après des années de tourmente

Cet endroit est un peu particulier par rapport au reste de mon voyage. Si tu as été bien attentif, tu as remarqué qu’il s’agit d’un sanctuaire et non pas d’un centre de réhabilitation. Les animaux qui y vivent ne sont donc pas destinés à être relâchés. Leur passé, leur imprégnation de l’homme et la perte de certains comportements naturels ne leur permettraient pas de survivre seuls dans la nature.

Les ours ont été saisis à des parcs zoologiques ou à des particuliers, certains viennent de cirques ou sont issus de trafic. Tous ont vécu dans des conditions abominables et ont été victimes de maltraitance. Ils en gardent d’ailleurs des séquelles physiques et comportementales.

Sylvia présente une atrophie de la main gauche. Sa patte aurait été coincée dans une porte par son ancien propriétaire ; les fractures n'ayant pas été soignées, l'ours vit maintenant avec de lourdes séquelles.

Le sanctuaire est entièrement conçu pour le bien-être des animaux. Les enclos sont immenses (entre 2 et 3 hectares chacun) et comportent une partie boisée, un point d’eau (étang ou piscine pour que les ours puissent se baigner), une cabane, la possibilité de creuser des tanières (certains hibernent même dedans plutôt que dans les cabanes prévues à cet effet), des jeux et des enrichissements qui changent tous les jours. Je te mets quelques photos pour t’aider à visualiser ce paradis pour ours !

La première fois que j’ai fait le tour du parc, je n’ai vu que 6 ours sur les 16 ! La priorité du lieu n’est pas la satisfaction du public mais le bien-être des animaux. Cependant, un énorme travail de sensibilisation et d’éducation est réalisé auprès des visiteurs. De nombreux panneaux explicatifs, des films documentaires et des activités ludiques de toutes sortes se succèdent tout au long de la visite.

S’occuper des ours, un travail à plein temps

Maintenant que le décor est posé, il est temps que je te raconte ce qui occupe mes journées. Le gros du travail tourne autour de la nourriture (bon, si tu me connais bien, cela ne doit t’étonner qu’à moitié...) Chaque jour débute par une ronde qui permet de s’assurer que les animaux sont bien présents et en bonne santé, et que les enclos sont intacts et sécurisés. Ensuite, nous passons à la préparation et à la distribution des repas. Chaque animal à une ration personnalisée suivant son âge, son passé, et son état de santé... le tout en tenant compte de la saison bien entendu ! Car les ours hibernent en hiver et doivent donc manger plus en automne et au printemps pour se (re)faire des réserves.

Ration journalière d'un ours suivant les saisons.

Ensuite, il faut faire le point sur les stocks de nourriture et commander ce qu’il manque. Les 16 ours engloutissent plus de 130 kg de nourriture chaque jour ! Essentiellement des fruits et des légumes, quelques œufs, poissons et de la viande pour l’apport en protéines. Les ours bruns ne sont pas les grands carnivores que les histoires populaires veulent nous faire avaler ! Par contre, une chose sur laquelle on ne nous a pas menti est leur goût pour le sucre et en particulier le miel. D’ailleurs, les animaux sous traitement reçoivent leurs médicaments dans des sandwichs au miel. Et croyez moi, jamais je n’ai vu de patient plus assidu qu’un ours attendant son anti-inflammatoire caché dans une cuillère à soupe de miel entre deux tranches de pain !

L’après-midi, il faut actualiser les fiches de suivi des ours (chaque animal a un dossier informatique très précis reprenant son activité, son alimentation...), mettre en place de nouveaux enrichissements (j’en parlerai plus en détail dans mon prochain post), ranger et nettoyer la cuisine, faire des travaux d’aménagement dans les enclos et enfin, clôturer la journée par la ronde du soir.

Dans ce sanctuaire, tout est pensé de façon écologique et dans le respect des animaux. De nombreux hôtels à insectes et maisons pour les oiseaux ont été installés un peu partout dans le parc, l’énergie provient en partie de panneaux solaires et l‘eau de pluie est réutilisée, la cafétéria cuisine des produits bios et locaux... Bref, si tu projettes de te rendre dans cette partie de l’Allemagne un jour, je ne peux que te conseiller de faire un petit détour par le Bärenwald Müritz et les soutenir dans leur beau projet !

Je reviens très vite te raconter d’autres histoires d'ours !

D'ici là, toi aussi prends le temps de vivre au rythme de l'ours...