Wildbase - Nouvelle-Zélande
- meriemflih
- 25 mars 2019
- 5 min de lecture

Je quitte l'Australie et ses mammifères improbables pour rejoindre sa petite sœur, la Nouvelle-Zélande. Si tu te souviens de mon premier article (qui commence maintenant à dater), je n'avais initialement pas prévu d'arrêt au pays des Maoris. C'était sans compter sur le changement de programme proposé par l'association de Bora Bora ! J'ai été contactée au mois de janvier pour être informée que mon volontariat en Polynésie ne serait plus possible... Je n'ai pas vraiment eu d'explication claire mais quoi qu'il en soit, j'ai dû trouver une autre occupation pour les deux mois qui venaient soudainement de se libérer. C'est donc ainsi que j'ai attéri à Wildbase, un centre de soins situé au milieu de l'île du nord de la Nouvelle-Zélande.
Fini les bêtes à fourrure, ici il n'y a que des oiseaux et quelques reptiles. C'est la fin de l'été à Massey, petite ville universitaire. Après avoir parcouru le pays de long en large pendant plus d'un mois, ça fait du bien de pouvoir se poser un peu ! Le centre, situé dans l'unique école vétérinaire de Nouvelle-Zélande, dispose de tout le matériel nécessaire dont un hôpital vétérinaire pourrait rêver. Les étudiants ne sont pas encore rentrés de vacances mais quelques courageux sont tout de même présent (sans doute contre leur gré) pour assurer les services de garde. Tout cela me rappelle avec nostalgie mes années étudiantes et je me rends compte du chemin parcouru depuis mon diplôme en 2014.

Mais revenons-en aux animaux. La star incontestée du pays est le kiwi ! Et comme son nom l'indique, le kiwi (animal) ressemble vraiment à un kiwi (fruit) ! En tout cas pour ce qui est de la forme et de la couleur... mais en beaucoup plus gros ! Les adultes font la taille d'une grosse poule. Tu le sais sans doute déjà, mais ils sont incapable de voler. Et pour cause, ce sont les plus petits représentant des ratites, groupe comprenant les autruches, émeus, nandous et casoars. Lorsqu'ils arrivèrent sur l’île, les Européens apportèrent avec eux divers animaux dont des furet, des chats, des chiens et autres carnivores. En plus de chambouler complètement les écosystèmes locaux, ces prédateurs comprirent très vite que les kiwis sont des proies faciles et ont décimé les populations existantes. Leur nombre a diminué de façon drastique, au point qu'un programme de protection de l'espèce a été mis en place.

Régulièrement, des battues sont organisées afin de ramasser les œufs de kiwis pour les placer en incubateurs. Une fois les petits nés et ayant atteint un poids raisonnable, ils sont relâchés dans leur milieu naturel. Ce procédé permet d'éviter la prédation des oisillons, notamment pendant la période d'éclosion, qui peut durer jusqu'à trois jours. Le petit ne possède pas de dent de l’œuf (aussi appelé diamant). Cette petite protubérance à l'extrémité du bec sert à casser la coquille lors de l'éclosion. En étant démuni, le jeune kiwi se sert de son bec mais aussi de ses pattes pour donner des coups et fendre sa coquille. C'est épuisant et cela prend du temps ! Les avoir en couveuse permet de surveiller cette étape critique et leur donner un petit coup de pouce lorsque cela est nécessaire. Une autre particularité des kiwis est que les couples restent ensemble à vie. À tel point que si l'un des deux se fait dévorer par un animal ou décède pour toute autre raison, son partenaire restera seul, veuf(ve) pour le restant de ses jours et ne se reproduira plus. Il est donc important d'amener le plus de petits possible à l'âge adulte afin de pérenniser l'espèce. Ce sont donc des nurseries à kiwis qui se sont développées un peu partout dans le pays. Et si tu as des enfants dans ton entourage, tu sais ce que cela implique... de véritables stations à microbes, bactéries, parasites et autres infections que les jeunes êtres vivants se refilent joyeusement ! Pour les animaux c'est pareil ! Les petits kiwis souffrent souvent de gastro-entérites à Coccidies. Ces parasites sont facilement éliminés par un traitement de quelques jours et un environnement propre. Le challenge est de réussir à garder un environnement propre lorsque des dizaines d'oiseaux y évoluent chaque jour...
Les autres maladies communément rencontrées sont les infections de la muqueuse du bec ou stomatites. Tu as pu le remarquer, leur bec est très long. Il leur permet de faire de profonds trous dans le sol à la recherche d'insectes. Dans les nurseries, ils sont souvent trop jeunes ou affaiblis pour pouvoir manger des insectes et une pâtée, savant mélange de viande, légumes et vitamines, leur est distribuée. Cette nourriture humide peut parfois rester collée sur les bords du bec, macérant et créant des infections. Un traitement antibiotique et antifongique est parfois nécessaire afin d'éviter que l'os ne soit atteint, ce qui risquerait de conduire à des lésions irréversibles voire à l'euthanasie de l'animal. Enfin, ils peuvent aussi présenter des retards de résorption de leur vésicule vitelline. Je te renvoie aux explications que j'ai mises en commentaire de ma photo Instagram avec le bébé kiwi si tu souhaites plus d'explications sur cette dernière pathologie.

Pour ce qui est des autres espèces, les traumas sont de loin les pathologies les plus fréquentes. Puis suivent les orphelins et les maladies infectieuses. Je passe donc ces quelques semaines à m'occuper des kiwis, tuis, martins pêcheurs, kereru, héron, kea, weka et autres oiseaux endémiques de cette île du bout du monde.



L'autre animal emblématique du pays que je retrouve au centre est le tuatara. Ce reptile préhistorique ressemble à un lézards mais appartient à un ordre bien distinct, les Rynchocéphales. Ils étaient déjà présent sur Terre il y a 200 millions d’années et n'ont quasiment pas évolués depuis ! Eux aussi font partis d'un programme de sauvegarde de leur population. Contrairement aux kiwis, les individus que j'ai croisés au centre étaient plutôt âgés (30 ans et plus). Ils peuvent vivre jusqu'à 60 ans (voire 80 selon les sources !) et leurs maladies sont généralement dues à des dégénérescences liées à l'âge : cataracte, tumeurs, dégénérescences nerveuses,...

Il est déjà temps pour moi de quitter ce magnifique pays et de rejoindre une autre île Polynésienne : Tahiti. N'ayant plus mon programme de bénévolat sur place, je ne vais y rester que quelques jours, mais je compte bien en profiter à fond ! J’enchaîne ensuite avec ma dernière île de Polynésie qui est aussi la plus mystérieuse : Rapa Nui, plus connue sous le nom de l'Île de Pâques. A l'heure où je t'écris, tout cela est déjà derrière moi et je m’apprête à plonger dans la jungle amazonienne pour les six prochaines semaines !
À très vite pour la suite des aventures, et d'ici là prends soins de toi !

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