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Healesville's sanctuary - Australia

  • Photo du rédacteur: meriemflih
    meriemflih
  • 24 mars 2019
  • 8 min de lecture


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Tout d'abord, merci pour vos retours positifs sur mon dernier post. C'est la première fois que j'écris ce genre de texte et vos petits mots m'ont fait énormément plaisir ! J'ai bien conscience que les contes animaliers regorgent d’anthropomorphisme et de naïveté, mais ils permettent aussi de nous faire réfléchir en nous rendant parfois un peu plus empathiques. Sur un ton plus léger, il est maintenant temps de traverser l'océan indien pour rejoindre le pays des kangourous... et autres créatures improbables !



Ce qui est bien avec l'Australie (en plus du fait qu'il fasse 30°C en décembre et que le repas de Noël se résume à un barbecue sur la plage), c'est que les animaux sont tellement isolés du reste du monde qu'ils ont évolués de manière unique. Le pays héberge des milliers d'espèces animales, mais je te rassure, on ne va pas toutes les passer en revue ! Aujourd'hui, j'ai décidé de te parler d'un groupe particulier, symbole incontesté de l'Australie, et celui avec lequel j'ai le plus travaillé : les marsupiaux.



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En ce début d'été australien, il fait chaud mais l'air est sec . Ça me change de mes trois derniers mois passés dans l'humidité asiatique ! En contre partie, ce climat aride menace le pays qui est en alerte incendie pour les mois à venir (si tu as suivi les infos, l'Australie a depuis été frappé par une des plus importantes vagues de chaleur de son histoire). Ici, pas de mobylettes qui zigzaguent entre les voitures, de chiens errants dans les rues, les gens conduisent de gros SUV et les maisons sont alignées le long de trottoirs bien entretenus... J'ai un pincement au cœur en me rendant compte que l'Asie et son folklore sont déjà derrière moi, je suis bel et bien de retour en pays occidental. Après, cela présente aussi des bons côtés : plus de crapauds dans le fond de mes chaussures le matin, plus de piqûres de moustique par dizaines tous les jours, plus besoin d'éviter les fruits et légumes crus ou non épluchés et surtout... (tu le vois surement venir) de l'eau potable au robinet et des douches chaudes ! A peine le temps de réaliser que je suis de retour dans cette luxueuse société que je rejoins l'équipe du Healesville's Sanctuary pour deux semaines de bénévolat à leurs côtés. Le sanctuaire est en fait un zoo présentant des espèces endémiques d'Australie, dans le but d'éduquer le public et de le sensibiliser à la protection des écosystèmes. Il comporte aussi une partie centre de soin destiné uniquement à la faune sauvage. L’hôpital vétérinaire est lui aussi divisé en deux: une partie dédiée aux soins des animaux du parc, et une autre à ceux provenant de l'extérieur. C'est bien entendu cette dernière qui m'intéresse plus particulièrement. Les locaux sont récents et parfaitement équipés : salles d'examens, de chirurgie, appareils de radiographie, d'échographie, d'endoscopie et j'en passe, ... salle d'autopsie, volières et boxes d'hospitalisation. Bref la clinique de rêve, surtout quand je compare à ce que l'on a en France pour soigner notre faune sauvage.


Des programmes de sauvegarde et de renforcement des populations sauvages ont été mis en place pour de nombreuses espèces dont le diable de Tasmanie, l'opossum nain des montagnes et la Southern corroboree frog.



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Piper, jeune femelle diable de Tasmanie, sous anesthésie générale.


A ma grande surprise, le premier animal auquel je suis confrontée est une jeune femelle diable de Tasmanie. Les diables de Tasmanie (ou tassies de leur petit nom) ne se trouvent qu'en Tasmanie. Cette espèce est confrontée à un problème assez unique : une tumeur faciale qui se transmet par morsure entre individus ravage la population. A tel point que si un programme de sauvegarde n'avait pas été mis en place, l'espèce aurait déjà sans doute disparue. De nombreux zoos et centres de reproduction en Australie et à travers le monde essaient de créer une population saine, destinée à être réinsérée dans la nature pour sauver cet animal si unique et éviter qu'il ne rencontre le même destin tragique que son cousin, le tigre de Tasmanie. Pour en revenir à Piper, la jeune femelle anesthésiée ce matin, il est simplement question de vérifier qu'elle est en bonne santé et apte à rejoindre le programme de reproduction. Les tassies ont une espérance de vie relativement courte, 6-8 ans en moyenne, et ils ne font que deux à trois portées d'un à quatre petits au cours de leur vie. Chaque animal compte et mieux vaut être sûr du bon état de santé de chacun. On prend aussi bien soin de vérifier sa fonction cardiaque, de nombreux individus ont des pathologies du cœur d'origine génétique et transmissibles à leur descendance. Tu peux être rassuré, Piper est en pleine forme et pourra apporter sa contribution à la sauvegarde de son espèce. Je te raconte tout ça de façon très structurée, mais je t'avoue que j'étais toute excitée en voyant Piper. Ce fut pour moi la première d'une grande série de diables de Tasmanie. Mais à chaque fois, le même émerveillement me frappait devant ces créatures si emblématiques. J'en profite au passage pour te confirmer qu'après avoir vu la taille de leurs dents, la musculature de leurs mâchoires, l’entrain et les grognements qu'ils émettent en déchiquetant une carcasse, leur nom de "diables" leur convient tout à fait ! D'un autre côté, leur pelage est très doux et ils ont de loin les coussinets les plus mignons du règne animal !



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Comme pour nos empreintes digitales, le motif est unique à chaque individu.

Deuxième patient, un bébé wombat de quelques mois. Apporté au centre pour la première fois il y a trois semaines, il avait été recueilli près d'une route, à proximité du corps sans vie de sa mère. Incapable de s'alimenter seul, son état était très préoccupant: déshydratation, sous-nutrition et gale mettaient sa vie en danger. Le contrôle d'aujourd'hui permet de confirmer qu'il a bien grandi et est en pleine forme. La gale est un parasite assez fréquent dans cette espèce, surtout chez les jeunes qui ont un système immunitaire plus fragile que les adultes. Le poil devient terne et cassant, puis il tombe par touffes. L'animal est affaibli par cette maladie et bon nombre de jeunes décèdent s'ils ne sont pas soignés. Le traitement consiste en une série d'injections et un environnement sain afin qu'ils reprennent des forces.



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Soigner la faune sauvage est une mission prise très au sérieux en Australie. Il existe des carers, dont le rôle est de s'occuper des animaux. L'idée est que ces personnes, reconnues par l'Etat, peuvent détenir et soigner des animaux sauvages dans leur propriété (souvent aménagée en partie en centre de soins / orphelinat). Ils viennent à l’hôpital vétérinaire lorsque des soins plus poussés ou des traitements sont nécessaire. Cela permet de désengorger les hôpitaux vétérinaires qui n'ont plus à s'occuper du nursing et du long processus de réhabilitation et peuvent se concentrer sur les traitements et les chirurgies. Cela permet aussi aux hôpitaux de ne pas avoir d'animaux sains (comme les jeunes orphelins) à proximité d'animaux malades. Si la maladie est prise à temps et l'animal pas trop débilité, les problèmes de gale chez les wombats se traitent plutôt bien. Ce qui n'est pas le cas de leur deuxième pathologie principale : les problèmes d'occlusion dentaire. Comme les lapins et les rongeurs, les dents des wombats sont à croissance continue, elles poussent un peu chaque jours, durant toute la vie de l'animal. En mastiquant, elles s'usent sur la nourriture et le plateau dentaire reste plus ou moins plat et régulier. Mais parfois, l'usure peut se faire de manière anormale ou les dents pousser trop vite. Il en résulte un plateau dentaire complètement irrégulier. Dans les cas extrêmes, l'animal est incapable de s'alimenter et le vétérinaire doit enfiler sa casquette de dentiste pour remettre tout cela en état. Tu dois garder en tête qu'une fois de plus, il s'agit d'animaux sauvage, il n'est pas question de Chouquette, le lapin de Mme Martin qui pourra revenir en consultation toutes les trois semaines. En général, le wombat est confié à un carer pour quelques semaines. Un contrôle est ensuite effectué : si tout paraît normal, il est relâché sur son territoire d'origine. S'il présente de nouveau des malformations l’empêchant de s'alimenter, il est malheureusement euthanasié. Cette décision peut paraître dure mais il n y a aucun intérêt pour l'animal d'être remis dans la nature et de mourir d'inanition dans les jours suivant ; de plus, ces affections peuvent être génétiques et il risquerait de transmettre cette tare à sa descendance. Et il n'est pas non plus question de le garder captif pour le reste de sa vie pour des raisons évidentes de bien être...



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Les wombats possèdent de gigantesques griffes afin de pouvoir creuser des galeries parfois très complexes. Leur poche ventrale s'ouvre vers l'arrière (comme une poche de kangourou tournée vers le bas) pour protéger les petits des projections de terre lorsque la mère creuse. Ils font aussi des selles cubiques mais je n ai malheureusement pas de photo à te montrer...

Je ne vais pas m'attarder sur les kangourous et les wallabys qui prospèrent en Australie. Je t'en ai déjà parlé dans les commentaires de mes photos Instagram. Tous les matins, c'est la surprise ! Des pièges sont posés la veille et les animaux attrapés sont identifiés et stérilisés à la première heure afin de les relâcher le plus rapidement possible dans la journée. A ma grande déception, je n'ai pas été amenée à soigner d'échidné mais j'ai passé des heures à les observer au sanctuaire. Leurs pieds inversés, leur démarche militaire et assurée, leur museau long pour attraper les termites et autres insectes, … Ils sont peut connus du grand public mais n'ont rien à envier à leur cousin l'ornithorynque niveau originalité ! D'ailleurs, tous deux sont les seuls représentant du genre monotrème, c'est-à-dire que ce sont des mammifères qui pondent des œufs !






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En parlant d’ornithorynque, sais-tu que les mâles possèdent un aiguillon venimeux sur chaque patte arrière ? Il parait que le poison est assez puissant pour tuer un chien !

C'est parmi toutes ces espèces surréalistes que j'ai passé mes semaines de bénévolat en Australie. A cela s'ajoutent les dizaines d'oiseaux soignés au centre ou simplement rencontrés au détour de promenades. Cacatoès à huppe jaune, loriquet arc-en-ciel, perruche royale, perruche flavéole, mérions, ibis, kookaburra, cacatoès noir, podarge gris et bien d'autres ont rythmés mes journées. Même si j'en ai soigné des dizaines, que j'ai énormément de respect envers eux et leur résistance à toute épreuve, je suis forcée de reconnaître que les pigeons de métropole ne me manquent pas du tout face la farandole de couleurs des plumages rencontrés ici. Pour ce qui est des pathologies auxquelles ils sont confrontés, c'est très semblable à ce que l'on retrouve chez nous : fractures et autres traumas causés par les activités humaines et la prédation des animaux de compagnie, maladies virales en tout genre (pas mal de PBFD chez les psittacidés) et des oisillons orphelins ou que les gens ramassent pensant bien faire, les retirant à leurs parents qui se cachaient non loin de là.



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Kookaburra soigné pour fracture de l'aile.

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Cacatoès de Banks (femelle au premier plan, mâle en arrière)

En parlant de créatures vivant dans les arbres, il n'est pas rare d'entendre les koalas à la tombée de la nuit. Autant ces animaux sont de véritables boules de poils qui sentent bon le frais et l'eucalyptus quand tu les traites en journée, autant les cris qu'ils poussent pour défendre leur territoire la nuit sont terrifiants ! Pour te donner une idée, imagine le grognement d'un cochon, mais en plus enroué, un peu comme un lion, le tout en provenance des arbres au dessus de ta tête. Jamais je n'aurais imaginé que de tels sons pouvaient sortir de ces adorables peluches.



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Je conclurai ce post en répondant à la question que tout le monde se pose : non, je n'ai pas rencontré d’araignées géantes et venimeuses, non, aucun serpent ne s'est glissé entre mes drap et je n'est pas non plus découvert de crocodile dans mes toilettes. Ainsi s'achève mon séjour au Healesville's sanctuary. Le bien être animal est vraiment au cœur des préoccupations des vétérinaires, assistants et soigneurs travaillant ici. J'ai adoré mon expérience australienne et reviendrai avec plaisir soigner ces bêtes à poils, plumes et écailles que l'on ne rencontre nulle part ailleurs. C'est maintenant le moment pour moi de faire une petite pause dans mon bénévolat mais je reviens très vite avec des histoires d'oiseaux néo-zélandais.

D'ici là prends soins de toi, et comme les marsupiaux, cultive ton originalité !


Cheers !



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