Wildlife Friends Foundation - Thailande

Ça y est, l'hiver est officiellement installé. Il fait froid, la nuit tombe beaucoup trop tôt et la grisaille est au rendez-vous. Enfin, je crois... Je ne suis pas vraiment sur place pour vérifier... Quoi qu'il en soit, prépare toi à booster ton taux de vitamine D, je t’emmène faire un tour en Thaïlande !

Après un arrêt de quelques heures à Hong Kong, me voilà dans l'avion pour Bangkok. Je suis hyper excitée à l'idée d'aller travailler en Thaïlande. D'abord, parce que comme tout Français qui se respecte, je me dois de passer par la Thaïlande si je voyage en Asie ; et puis aussi parce que le sanctuaire de la Wildlife Friends Foundation est l'un des plus grands du pays ! Après près de trois heures de voiture au travers de la campagne thaïlandaise, me voilà enfin arrivée au centre. Ma première impression : l'endroit est gigantesque ! C'est une vrai communauté qui évolue au rythme des arrivée et des départs hebdomadaires des bénévoles venus des quatre coins du monde. Pour te donner une idée, l'endroit compte entre 40 et 50 volontaires (principalement des Européens) et pas moins d'une soixantaine d'employés. Parce que tout ce petit monde, il faut bien le gérer, le nourrir, l'encadrer, mais aussi (et surtout!) s'occuper des 700 animaux présents sur place !

Je découvre mon logement pour les semaines à venir : une chambre que je partage avec deux autres personnes (et crois moi en huit semaines, je vais en voir défiler des colocs, pas moins de six au total !) ; mais le meilleur est que nous avons notre propre salle de bain (oui, c'est un luxe ici) et surtout une terrasse avec une vue incroyable sur le lac aux gibbons. De nouveau, pas d'eau chaude pour se doucher, ni d'eau potable aux robinets mais c'était déjà le cas en Inde donc cela ne me perturbe pas plus que ça. Et puis, quand il fait 35°C dehors, une douche froide est la bienvenue (on a quand même eu quelques soirées bien fraîches où l'on a maudit le fait de ne pas avoir de chauffe-eau, mais globalement ça s'est bien passé).

J'ai partagé mon temps entre l'équipe vétérinaire et les soins quotidiens aux animaux aux côtés des autres volontaires. Je dois te l'avouer, par ce temps et avec un taux d'humidité de 80%, c'est bien plus facile d'être véto et de passer ses journées au frais à la clinique plutôt que de récurer des enclos sous un soleil de plomb ! Mais bon tu me connais, je suis toujours prête à relever de nouveaux défis et le travail physique ne me fait pas peur. On m'a même dit un jour que j'étais plutôt douée comme soigneuse animalière pour une véto !.. Trêve de plaisanterie, je suis sûre que tu meurs d'impatience d'en savoir plus sur nos journées au centre. Tout commence par un réveil aux aurores. Enfin, si tu as eu la chance de pouvoir dormir. Parce qu'entre les vingt chiens qui organisent des combats sur notre terrasse et les coqs qui chantent en plein milieu de la nuit, histoire d'être sûr de ne pas manquer les premiers rayons du soleil, l'idée d'une nuit paisible devient bientôt plus attrayante encore que celle d'une bonne douche chaude. Peut importe le nombre d'heures de sommeil que tu as réussi à avoir, à 6h30, tout le monde s'active pour préparer les repas de nos pensionnaires. Ici, les animaux passent en premier. C'est seulement après avoir rincé, épluché, coupé et distribué des dizaines de kilos de fruits que nous nous retrouvons, à 8h, pour le petit déjeuner.

De 9h à midi, nous nettoyons les enclos, préparons des enrichissements (je sais que tu es maintenant un spécialiste en la matière, sinon n'hésite pas à aller relire le post "Luna, l'ours qui faisait les cent pas" sur le sujet), décrassons les bassins, récoltons des troncs de bananiers pour nourrir les éléphants... Puis pause déjeuner bien méritée. L'après-midi ressemble à la matinée, il faut de nouveau préparer et distribuer la nourriture des animaux, puis travaux de nettoyage et de rénovation des enclos et du centre. La journée se termine à 17h et le dîner est servi à 18h. J'ai pensé comme toi au début, 18h ça semble tôt pour manger, mais crois moi, après de telles journées, et surtout sachant que la nuit tombe très tôt (un peu avant le dîner), le timing est en fait idéal.

Tous les volontaires et le staff font un travail incroyable et toujours dans la bonne humeur pour apporter aux animaux secourus la vie qu'ils méritent, dans les meilleurs conditions de captivité. En tant que vétérinaire, j'ai participé aux soins des animaux résidents sur place, mais je me suis aussi occupée des animaux sauvages blessés, des animaux de compagnie des villageois de la région et des 20 chiens partageant le centre avec nous. Je pourrais t'énumérer tous les cas que j'ai vu pendant ces deux mois, mais je pense que même si tu es coincé chez toi par le mauvais temps, après 5 minutes de lecture d'une liste interminable, l'idée d'aller faire un tour dans le froid et la pluie finira par te paraître attrayante... Je vais donc te raconter quelques histoires qui m'ont marquées et qui illustrent bien ce que vivent les animaux rencontrés ici.

Pepsi, Cola et Sprite sont trois ours malais secourus il y a plus de 13 ans. Détenus par des particuliers lorsqu'ils étaient petits, ils sont rapidement devenus trop encombrants et ont été donnés à un temple Bouddhiste. Ici, les temples récupèrent énormément d'animaux que les gens ne veulent plus ou n'ont pas les moyens d'entretenir. Certains se retrouvent donc avec des dizaines d'animaux, principalement des chiens et des chats mais aussi tout un tas d'animaux sauvages et exotiques ! Ces ours sont restés huit ans dans une petite cage en béton située à l'arrière du temple. Les touristes affluaient pour les voir et les prendre en photo, ils étaient nourris avec des chips et de la malbouffe en tout genre. Ils se battaient souvent car leur enclos ne leur permettait ni de s'isoler, ni de fuir en cas de stress ou de conflits. Comme on l'avait déjà évoqué en Allemagne, les ours sont gourmands, une de leurs sucreries préférées était les boissons gazeuses type sodas, d'où leurs noms. Lorsque l'association les a récupérés, ils étaient obèses et présentaient de nombreuses carences en plus des troubles comportementaux. Sprite est devenu diabétique suite à ce régime alimentaire bien trop riche en sucre et en graisse et est décédé de complications quelques années plus tard. Pepsi et Cola mènent maintenant une vie paisible au sanctuaire et reçoivent une alimentation adaptée : noix de coco, papayes, ananas, bananes, fruits du dragon, mangues, maïs... leur sont distribués quotidiennement ainsi que des croquettes pour chien et des œufs de temps en temps pour l'apport en protéines. Autant te dire que je les ai enviés plus d'une fois en préparant leurs corbeilles de fruits !

Si tu as aimé cette première histoire et que les ours t'ont fait fondre, attends de découvrir Vincent ! On s'est tous posé la même question : ''Comment ce bébé langur du fin fond de la Thaïlande s'est-il retrouvé avec ce nom là ?'' Malgré une enquête approfondie, je n'ai jamais trouvé la réponse ! Son histoire est commune à beaucoup d'animaux sauvages à travers le monde. Sa mère a été percutée par une voiture et est décédée, laissant Vincent orphelin et bien trop jeune pour pouvoir survivre seul. Au centre, on essaye d'abord de lui trouver une maman langur de substitution en le présentant à une femelle qui vient d'avoir un petit, mais elle le rejette et refuse de s'en occuper. C'est donc à une des assistantes vétérinaires que revient la (lourde) tâche de devenir maman singe. Ça peut faire rêver comme rôle, mais sache que c'est aussi prenant et fatiguant que d'avoir un bébé humain : les premières semaines, il faut lui donner des biberons de lait toutes les 2-3 heures (jour et nuit!) et lui apporter énormément d'attention. Vincent grandit bien et quelques jours après mon départ, j'ai appris qu'il avait pu rejoindre les autres langurs dans la grande volière du centre. Il passe ses journées à jouer avec les autres jeunes et s'est très bien adapté à sa nouvelle vie.

On monte encore d'un cran dans les animaux hyper mignons avec ce loris lent du Bengale. Tu as sans doute déjà vu des vidéos sur les réseaux sociaux où des loris sont détenus comme animaux de compagnie. En Thaïlande, ils sont très populaires auprès des touristes et il est commun de se voir proposer d'être pris en photo avec ces adorables petites boules de poils. Mais voilà, les loris sont des animaux venimeux. Ils possèdent des glandes à poison au niveau de la face interne de leurs coudes. En cas de danger, ils lèchent ce poison et mordent leur prédateur, provoquant un choc anaphylactique chez ce dernier. Il n'est donc vraiment pas conseillé de se faire mordre par l'un d'entre eux! Malheureusement, les trafiquants ont trouvé la parade et coupent ou arrachent les dents des animaux afin de rendre leur morsure inoffensive. Ils sont aussi sédatés afin d'être facilement manipulables et paraître plus ''détendus" sur les photos des touristes. Cette histoire est la même pour de nombreux loris du sanctuaire. Une fois récupérés et soignés, ces animaux sont malheureusement incapables de retourner à la vie sauvage et deviennent des résidents permanent du centre. Certains loris sauvages sont aussi apportés suite à de la prédation par des chiens, des électrocutions sur des câbles électriques, des accidents avec des voitures,... Lorsque cela est possible, ils sont soignés puis relâchés près de leur endroit d'origine afin qu'ils retrouvent leur territoire.

Je sais ce que tu te dis : "on avance dans l'article, elle nous raconte plein d'histoires, mais toujours rien sur les éléphants !.." Ne sois pas impatient. Qui dit Thaïlande, dit éléphants... mais ce post est déjà bien trop long ! Je te concocte un prochain article spécial pachydermes très prochainement ! D'ici là prends soin de toi.

Tu l'as peut être remarqué, je vais essayer de poster plus de photos entre les articles pour te faire patienter et t'envoyer un peu de soleil tout au long de l'hiver.